J'aime confronter des univers visuels habituellement disjoints et provoquer des télescopages en jouant sur le fond et la forme, en intervenant sur des supports ni vierges, ni neutres. Mes œuvres plastiques interrogent les lieux communs de notre imaginaire et les lieux de notre imaginaire commun. L’animal est pour moi une figure muette de l’altérité. Notre nature humaine semble de vivre la nature-tout-court à la fois comme un décor idéologique et un champ de manœuvre. Plus les humains gagnent du terrain plus ils fantasment la nature. Surexploitée, la nature disparaît au profit de ses représentations …
Katerine Louineau, artiste plasticienne
Peintre se dit en grec “zoographos” : descripteur du vivant ou de l’animal (la chose animée) et graveur sur le vif. Le sujet du peintre est toujours l’apparence vive, le “phénomène” ou le phantasme, disent les philosophes, ce qu’il y a entre la chose perçue et moi qui la perçoit et qui fait la réalité sensible. Le peintre peut faire croire qu’il s’en saisit en volant les images des choses.
Mais qu’est-ce qui se grave sur cette mémoire qu’est la peinture ? Non pas la réalité “donnée” à nos sens, mais la réalité en représentation, laquelle manifeste la réalité de la représentation, cette image qui brille comme un œil ouvert et qui est toujours plus belle que la nature, parce qu’elle parle.
Platon fait dire à Socrate que le peintre imprime dans notre esprit “les images des choses parlées et formulées”. Cézanne déclarait qu’il peignait des métaphores.
Les peintures de Katerine Louineau sont des formules baroques, des énoncés précieux, des phrases maniéristes, qui émaillent notre imagination.
Nelly Rieti, autrice, enseignante et philosophe.